mardi 4 avril 2017

ESCLAVAGE ET SUCRERIES, CUBA



À douze kilomètres de Trinidad, trois vallées rurales sont interconnectées – San Luis, Santa Rosa et Meyer – et forment la vallée de los Ingenios d'une superficie de 225 kilomètres carrés. Plus de cinquante sucreries y fonctionnaient  à l’apogée de l’activité industrielle au 19e siècle; le déclin commença vers 1890.  Le développement de l'industrie sucrière à Cuba  a profité du soulèvement général des esclaves de Saint Domingue (Haïti) en 1791, en effet, un certain nombre de familles françaises émigrèrent vers Cuba où elles entreprirent la culture du café, de la canne à sucre et du cacao. Avant ce soulèvement, Saint Domingue était le premier producteur mondial de sucre.

Le 28 février 1789, une cédule royale autorise la libre introduction d'esclaves africains à Cuba, force de travail fondamentale dans l'industrie sucrière. En 1827, plus de 11.000 esclaves travaillaient dans les sucreries. 

Le site archéologique San Isidro de los Destilades a produit annuellement jusqu'à 91 tonnes du sucre envoyées en Espagne. Le jus de canne à sucre était chauffé dans des marmites pour le purifier. Le produit qui en résultait était coulé dans des moules pour former des pains de sucres qui seraient ensuite réduits en poudre et mis dans des coffres pour envoi en direction de l'Espagne.

La maison de l'exploitant à San Isidro n'était occupée que pendant la saison de la récolte (de novembre à mars); elle comprenait une salle de jeu, une bibliothèque, les chambres des esclaves domestiques affectés à l'entretien de la maison (cuisinière etc...). Selon une tradition encore d'actualité à Cuba, la cuisine se situait hors de la maison, en plein air. Un système ingénieux permettait de récupérer l'eau: à l'intérieur des colonnes de l’habitation, des tuyaux en céramique acheminaient l'eau vers une citerne. Le plafond est en bois précieux (du cèdre) mais le sol, à l'origine en marbre blanc n'a pu être restauré à l'identique pour des raisons de coût.

Chaque famille d'esclaves affectés à la sucrerie de San Isidro disposait, d'une petite pièce particulière  qui permettaient une vie familiale alors que dans bon nombre d'exploitations les maisons d'esclaves étaient de grandes bâtisses où diverses familles cohabitaient. La formule n'était certes pas à imputer à l'humanisme de l'exploitant car cette relative intimité permettait d'obtenir plus d'enfants, eux-mêmes esclaves.

Les tours installées sur les sites (l'énorme tour d'Iznaga de 40 mètres et celle plus petite - 12 mètres- de San Isidro) permettaient de surveiller les esclaves et d'éventuellement repérer un esclave en fuite. Elles possédaient une cloche pour rythmer le déroulement de la journée (heures des repas) mais également pour donner l'alarme en cas de fuite d'un esclave. Certains esclaves, qui avaient fui avec succès, vivaient librement dans un "palenque", village fortifié servant de refuge et ils se rendaient de temps à autre en ville pour faire du troc.

L'esclavage ne pouvait à l'évidence subsister sans l'usage d'atroces moyens coercition, en l'occurrence notamment, les fers, le fouet, le carcan....

IZNAGA

 

 SAN ISIDRO











Petites habitations des esclaves
 

 Fours




 Moule (réplique moderne) pour fabriquer un pain de sucre

La torture






 


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