mardi 28 juillet 2015

HERCULANUM (ITALIE)

En cette année 79, de très sinistre mémoire, il est juste 13 heures et nous sommes neuf jours avant les calendes de septembre (?).

Il est juste 13 heures, mais, malgré une probable secousse en matinée tous ces gens n'ont pas pris leurs jambes à leur cou pour fuir car les séismes étaient relativement courants et les habitants qui vivaient à proximité en 79 considéraient que le Vésuve était un volcan éteint; en fait, la mémoire collective n'avait pas enregistré une éruption qui avait eu lieu quelques 1200 ans auparavant...

Il est juste 13 heures lorsque, brutalement, le bouchon couvrant la lave en fusion explose projetant quantité de scories volcaniques, essentiellement de la pierre ponce, et de la fumée sur Herculanum. Quand un petit paradis, un lieu de villégiature pour certains patriciens, se mue en enfer, il ne reste qu'à déplorer l'extraordinaire fragilité de la vie ou, infiniment plus poétiquement exprimé, "l'insoutenable légèreté de l'être" ...et, au fond, nous avons tous conscience que l'irrémédiable a à peine besoin d'une infime fraction de temps pour se manifester...

Mais au fait, fallait-il bien se référer à 9 jours avant les calendes de septembre (24 août), date que mentionne une lettre de Pline le Jeune à Tacite? Les gens retrouvés sur le site semblent habillés sans doute trop chaudement par rapport à cette date estivale, sans compter les observations sur la nourriture disponible au moment de l'éruption (plutôt une nourriture automnale). Bref, les dates de 24 octobre ou 23 novembre pourraient donc être tout aussi plausibles et une erreur de copiste dans le texte de Pline le Jeune ne peut être exclue.

Pline le Jeune, qui, de la ville proche de Misène, a pu partiellement observer l'éruption,  possédait une motivation particulière à s'interroger par après sur le déroulement de la catastrophe, puisqu'il y avait perdu un membre de sa famille Pline l'Ancien, son oncle qui l'avait adopté; Pline l'Ancien était, dans un premier temps, parti sur une quadrirème pour observer la catastrophe mais voulant porter secours à la population, il mourut sans doute d'asphyxie.

Certains habitants  fuient jusqu'au rivage, se croyant à l'abri au port...Des "nuées ardentes" (ou coulées pyroclastiques) les rattrapent toutefois dans les entrepôts voûtés qui bordaient le rivage de l'époque (repoussé de 300 à 400 mètres après l'éruption) et 300 squelettes furent retrouvés en ces lieux. Sachant que les romains, à quelques exceptions près, étaient incinérés, la découverte de 300 squelettes fut tout à fait providentielle, du moins, pour l'archéologie. Leur analyse permit, par exemple, de découvrir d'excellentes dentures, signe d'une alimentation variée et équilibrée ou de déterminer une taille moyenne de 1,60m pour les hommes et de 1,50m.pour les femmes Ils fuirent avec leurs biens les plus précieux, également parvenus jusqu'à nous.

La ville d'Herculanum, construite sur un promontoire dominant la ville de Naples, était sans doute beaucoup plus modeste que celle de Pompéi; elle ne portait en effet que le nom de municipium alors que Pompéi portait le nom de colonia Cornelia Venera Pompeiana; cependant, la partie excavée ne représente pas la totalité de la ville qui ne fut dégagée que sur une surface moindre en raison de problèmes dus à la profondeur de l'enfouissement.

La conservation exceptionnelle des éléments organiques tels que le bois (parfois brûlé), les os, les aliments, les tissus...a permis de grandes avancées dans la connaissance de la vie de l'époque.

Si l'on en croit Denis d'Halicarnasse, Herculanum fut fondé par Hercule. Naples (dérivé du grec Néapolis, la nouvelle ville, par opposition à Palaiapolis, la vieille ville, à proximité) existait déjà et se profilait comme un centre important, entre autres, culturellement.






























































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